Et pendant ce temps-là, quelque part en Montagne Bourbonnaise…
… l’écrevisse à pattes blanches résiste !
Comme chaque année la Fédération réalise des prospections nocturnes de cours d’eau dans le but d’inventorier les populations d’écrevisses à pattes blanches encore présentes sur le territoire.
Cette espèce patrimoniale, autrefois très largement présente à l’échelle nationale, est la dernière représentante des écrevisses autochtones dans le département de l’Allier. Aujourd’hui menacée de disparition du fait de la dégradation de son habitat et de maladies comme la « peste de l’écrevisse » dont les écrevisses exotiques sont porteuses saines, ses populations sont globalement en forte régression au niveau national, le département de l’Allier ne faisant hélas pas exception à la règle.
Dans le contexte actuel de sécheresse et malgré des conditions très contraignantes pour les espèces aquatiques, une bonne surprise attendait les agents de la Fédération dans la nuit du 13 au 14 août puisqu’équipés de lampes torches, ils ont eu la chance et le plaisir d’observer une très belle population d’écrevisses à pattes blanches sur le bassin versant du Haut-Sichon. Ainsi sur 100 mètres linéaires de cours d’eau, ce sont près de 70 individus qui ont été observés, identifiés, sexés et mesurés. De tailles variables, preuve du dynamisme de la population, ces individus présentaient tous un bon état sanitaire.
Ces données permettent ensuite à la Fédération, à ses partenaires, et aux gestionnaires de cours d’eau de mettre en œuvre des actions de protection de la qualité de l’eau et des habitats de cette espèce (Arrêté préfectoral de protection de biotope, pose de clôtures et d’abreuvoirs en bordure de prairies pâturées pour limiter le colmatage des habitats aquatiques, modification des pratiques d’exploitation forestière, …). Ces actions bénéficient également à d’autres espèces aquatiques accompagnant généralement l’écrevisse à pattes blanches, telles que la truite fario, le chabot, la lamproie de planer,…
Signalons enfin que ces inventaires nocturnes seront cette année et pour la première fois complétés par une technique récemment mise au point, permettant de détecter la présence d’une espèce dans un milieu aquatique grâce à l’analyse en laboratoire spécialisé des traces d’ADN qu’elle libère dans l’eau. Cette technique est particulièrement intéressante lorsque la très faible densité d’écrevisses rend aléatoire l’observation d’individus lors d’une prospection nocturne classique.
La protection de l’écrevisse à pattes blanches est l’affaire de tous puisque sa présence est le signe d’un milieu aquatique en bonne santé, capable de rendre de nombreux services écosystémiques à notre société.
Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez parfaire votre connaissance des différentes espèces d’écrevisses présentes en France, n’hésitez pas à consulter le très joli guide d’identification édité par la Fédération de pêche de Lorraine: http://www.gt-ibma.eu/wp-content/uploads/2015/06/Guide-identification-ecrevisses-France.pdf
Et si par chance vous rencontrez l’écrevisse à pattes blanches sur notre territoire, n’oubliez pas de nous le signaler!