Ça chauffe toujours pour la Sioule !
Dans un contexte de sécheresses et de canicules à répétition, et face au développement de l’hydroélectricité sur cette rivière, la FDPPMA 03 s’est associée à la FDPPMA 63 pour mesurer l’effet cumulé des seuils et barrages sur le réchauffement des eaux de la Sioule.
Dans sa traversée du département de l’Allier, la Sioule est en effet barrée par une vingtaine de seuils qui ralentissent l’écoulement des eaux sur un tiers de son parcours, et influencent un élément essentiel au bon fonctionnement des cours d’eau et à la santé des poissons: la température de l’eau. La Sioule abrite encore des espèces de poissons particulièrement vulnérables face au réchauffement des eaux. Certaines sont très recherchées par les pêcheurs (truite fario, ombre commun), d’autres sont protégées (saumon atlantique, chabot) et leur présence a notamment permis le classement de la Basse-Sioule en site Natura 2000.
Pour pouvoir évaluer l’impact des seuils sur la température de la Sioule, la FDPPMA 03 a installé au printemps 2021 une cinquantaine de sondes de mesure thermique tout au long des 51 kilomètres de son parcours dans le département. Chacune d’entre elles a enregistré la température de l’eau chaque heure, jusqu’à l’automne 2022, soit plus de 600.000 mesures !
Les résultats sont sans appel, notamment en été où les portions de la Sioule influencées par des seuils se sont réchauffées environ 3 fois plus que les portions libres. Les seuils de la Sioule, dont la plupart ne servent plus qu’à produire de l’hydroélectricité, augmentent donc le risque de mortalité d’espèces de poissons protégées et emblématiques.
dans les portions libres (en bleu) et dans les portions influencées par des seuils (en orange)
Ces résultats mettent une fois de plus en évidence la perte de biodiversité causée par les seuils et les barrages, et la nécessité de favoriser leur suppression et le rétablissement de la continuité écologique qui permet le déplacement des espèces les plus fragiles vers les secteurs les plus propices à leur survie en période chaude.
Barrage et retenue du Moulin de la Ville à Saint Pourçain sur Sioule
L’énergie hydroélectrique est souvent considérée à tort comme une énergie propre. Même si elle présente l’avantage d’être renouvelable, les impacts sur les milieux aquatiques sont multiples (mortalités piscicoles, réchauffement des eaux, altération de la qualité des eaux, rupture de continuité écologique…) alors que l’ensemble des quelques 2 300 petites centrales hydroélectriques barrant les cours d’eau français ne produisent qu’1% de nos besoins en électricité.
Si ce sujet vous intéresse, vous trouverez plus de détails dans le rapport disponible en cliquant sur le lien suivant : FDPPMA03_Etude influence thermique seuils Sioule 2022